Pascal Lassalle: Revue du nouveau numéro du magazine "Elements"

J’ai commencé à lire cette dernière livraison du «Magazine des idées », dont la couverture résume effectivement le contenu.

Un long édito convenu, mais prévisible, d’AdB avec tous les poncifs et les éléments de langage de la vulgate propagandiste made in Moscow, paresseusement assénés ad nauseam, qui se réduit purement et simplement à un calque de la vulgate douguinienne, comme d’habitude.

C’est ce qu’il y a de pire dans ce numéro et d’autant plus décevant de la part d’un homme qui a contribué à la formation de nombre d’entre nous et au renouveau de notre corpus doctrinal, avec des positionnements d’ordinaire stimulants, sinon pertinents.

Mais sur cette question, c’est un naufrage  intellectuel avec un alignement pur et simple sur la Russie, ce qui n’est bien sûr pas nouveau (cf. notamment un entretien donné en 2012  à la revue italienne Eurasia, repris dans son dernier recueil paru, « Contre l’esprit du temps », p: 206-216) avec les vaticinations sur le coup d’état américain de Maïdan, l’offensive de Poutine justifiée (ayant préventivement empêché une offensive ukrainienne prétendument envisagée dans le Donbass) et le « malheureux peuple ukrainien » réduit au statut de figurant et de proxy d’une guerre américaine. 

Bref, une évocation hollywoodiennement binaire de ce conflit sous le prisme de l’alignement inconditionnel sur une vision fantasmatique de la Russie et d’un anti-américanisme obsessionnel et hystérique, pour reprendre l’expression malheureusement pertinente de Guillaume Faye. 

La dimension identitaire, historique et mémorielle déterminante dans cette guerre et que je m’efforce de souligner pour, ad minima, un débat qui n’a jamais eu lieu dans les colonnes du magazine ,  est opportunément jetée, une fois de plus, aux oubliettes, ce qui fait que l’on repassera pour la défense de la «  civilisation européenne » (dans laquelle s’inscrit la question ukrainienne) qui s’arrête aux frontières mouvantes d’une Russie eurasiatique revanchiste, objet de toutes les complaisances et de tous les renoncements.

On trouve ensuite un entretien avec L. Schang qui est relativement objectif ( encore que l’on apprend que le régiment Azov est une unité de «supplétifs étrangers »), un article de Juvin qui nous fait du Juvin puissance 1000 et un entretien avec Douguine, égal à lui-même, au ton moins exalté que d’accoutumée, pas inintéressant de son point de vue naturellement, déjà résumé dans l’édito de son grand ami français.